Oui, l’acier galvanisé peut finir par rouiller, mais plus tard et moins vite qu’un acier nu. La galvanisation (revêtement de zinc) protège par barrière et par effet cathodique sacrificiel : si la couche est rayée, le zinc “se sacrifie” pour empêcher l’oxydation de l’acier. Tant qu’il reste du zinc, vous ne verrez pas de rouille rouge (celle du fer) — au pire, une oxydation blanche du zinc, sans gravité immédiate. Quand le zinc est épuisé ou que l’acier est mis à nu (coupe, choc, abrasion), la corrosion peut apparaître.
1) Comprendre la protection du zinc
- Barrière : le film de zinc isole l’acier de l’oxygène et de l’humidité.
- Protection cathodique : au contact, le zinc protège l’acier exposé (érafle, coupe).
- Patine protectrice : avec le temps, le zinc forme une couche grise (carbonates) qui ralentit encore sa consommation.
À distinguer :
Blanc = oxydation du zinc (souvent après confinement humide) → esthétique.
Rouge = corrosion de l’acier → le zinc est absent/épuisé localement.
2) Pourquoi l’acier galvanisé peut-il rouiller ?
Situations typiques :
- Coupes, perçages, soudures réalisés après galvanisation, sans retouche (zinc-riche, métallisation).
- Revêtement trop mince pour l’ambiance (ex. tôle Z275 ~40 µm cumulés vs galvanisation à chaud 70–100+ µm).
- Usure mécanique : frottements répétés (roulettes, bennes), gravillons, impacts.
- Eau stagnante / pièges à eau : zones confinées, capillarités, retours d’eau → consommation accélérée du zinc.
- Ambiances agressives : littoral, salage hivernal, atmosphères polluées/industrielles, produits chimiques.
- Couples galvaniques : contact prolongé et humide avec cuivre/bronze/inox → accélération possible de la corrosion du zinc.
- Contamination par poussières d’acier carbone (meulage voisin, chantier) non nettoyées → taches et amorces de corrosion.
- Chocs et épaufrures sur arêtes : mise à nu locale de l’acier.
3) Choisir la bonne galvanisation pour la bonne ambiance
- Galvanisation à chaud après fabrication (HDG) : la référence pour caillebotis, cadres de tampons, caniveaux, garde-corps, etc. Épaisse et très adhérente.
- Galva en continu (tôles/bobines – Zxxx) : uniforme et parfait pour pliage/profilage, mais plus fin → à réserver aux ambiances modérées ou à peindre (système duplex).
- Zinguage électrolytique : couches minces destinées surtout aux pièces intérieures et à la visserie.
Règle simple : plus l’environnement est agressif, plus il faut une couche de zinc épaisse ou un système duplex (galva + peinture/poudre).
4) Conception & pose : 50 % de la durabilité
- Éviter les pièges à eau : percer/ventiler les corps creux, donner des pentes d’écoulement, arrondir les arêtes.
- Préfabrication complète → galvaniser après soudage pour que les soudures soient protégées.
- Compatibilité matériaux : isoler électriquement les assemblages zinc ↔ cuivre / inox en milieu humide (joints, rondelles non conductrices).
- En voirie (cadres de tampons, caniveaux, caillebotis) :
- Lit de mortier plein sous cadre (zéro vide).
- Affleurage à la cote finie (0 mm ±2 mm) pour supprimer chocs et abrasion.
- Joint mastic bitumineux propre sur le pourtour en enrobé.
- Protéger des impacts directs (points de braquage, butées).
5) Entretien : simple, mais régulier
- Inspection visuelle 1–2 fois/an (plus en littoral) : rechercher chocs, zones brillantes (usure), stagnations d’eau.
- Nettoyage : eau + détergent neutre, brosse plastique ; éliminer sels/boues qui retiennent l’humidité.
- Retouches après coupe/choc :
- Dégraisser et égrener.
- Appliquer peinture riche en zinc (≥ 90 % Zn métal) ou métallisation.
- Épaisseur finale équivalente au reste.
- Système duplex (galva + peinture poudre/liquide) : contrôler et reprendre la finition en cas d’éclat → la durabilité globale augmente nettement.
6) Cas pratiques (produits BTP)
- Cadre de tampon en zone urbaine : HDG, scellement lourd, affleurage, joint périphérique. Retouches immédiates en cas de tronçonnage sur chantier.
- Grille caillebotis de caniveau en bord de mer : HDG + duplex si esthétique ; rinçage périodique (embruns).
- Garde-corps de rampe logistique (chocs, frottements) : surépaisseur locale, platines d’usure, inspection trimestrielle, retouches zinc-riche.
- Tôle pliée Z275 en extérieur : possible en ambiance modérée ; sinon prévoir peinture par-dessus (apprêt compatible).
7) Reconnaître et traiter les défauts
- “Blanc poudreux” après stockage humide (pièces empilées) = oxydation blanche du zinc : nettoyer, laisser sécher/ventiler ; pas d’urgence structurelle.
- Taches brunes localisées = acier mis à nu : retoucher rapidement au zinc-riche.
- Rouille généralisée = zinc épuisé ou choix/protection insuffisants : envisager décapage + métallisation ou re-galvanisation, voire remplacement si section affaiblie.